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Les scènes de colère ont été les plus violentes à Douala, la métropole économique, où des heurts avec les forces de l’ordre ont fait au moins plusieurs morts selon des bilans contradictoires rapportés par la presse, et de nombreux blessés ; de graves affrontements ont aussi été signalés à Garoua et dans d’autres centres urbains.
Les autorités ont procédé à des arrestations de leaders de l’opposition et multiplié les mesures de maintien de l’ordre (interdictions de rassemblements, usage de gaz lacrymogène), tandis que des témoins rapportent des tirs et une forte présence policière dans les quartiers de protestation.
Plusieurs médias et organisations internationales rapportent aussi des perturbations d’internet et des blocages locaux, une pratique devenue fréquente lors de crises électorales dans la région, qui complique la vérification indépendante des événements sur le terrain.
Les griefs de l’opposition portent sur des irrégularités de comptage, des chiffres de participation jugés suspects et l’absence de transparence dans la publication des résultats locaux des allégations que le gouvernement nie en insistant sur la validité des décomptes de la Cour constitutionnelle.
Sur le plan humain et politique, la mobilisation témoigne d’une usure profonde d’une partie de la population face à un pouvoir incarné par Paul Biya depuis 1982 , colère accentuée par le choix d’un âge du dirigeant (92 ans) et par la durée exceptionnelle de son règne.
La situation reste volatile : les manifestations se poursuivent par vagues, l’opposition ne reconnaît pas la victoire officielle et demande des enquêtes, tandis que le gouvernement maintient sa ligne. Le risque d’une escalade dépendra des réponses politiques (enquêtes, dialogues) et du contrôle exercé par les forces de sécurité.
Le Cameroun est plongé dans une nouvelle période de fortes tensions post-électorales entre contestation civile, répression et incertitude institutionnelle.