OTR : un remaniement qui pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses

La nomination de Yawa Chantal Djigbodi Tségan à la tête de l’Office Togolais des Recettes (OTR) marque un coup politique et administratif important. À mi-chemin entre technicité fiscale et pression politique, ce changement ouvre une fenêtre de possibilités mais aussi d’incertitudes pour la gouvernance financière du pays.

1. Priorité n°1 : accélérer la mobilisation des recettes

L’OTR a un rôle central dans l’équilibre budgétaire. Attendez-vous à ce que la nouvelle direction mette l’accent sur la digitalisation des procédures, la lutte contre la fraude et l’optimisation des recouvrements pour rapprocher les objectifs annuels de mobilisation.

2. Transparence et communication en première ligne

Nommer une personnalité politique connue signifie aussi un effet d’image : la direction devra rassurer les citoyens, les opérateurs économiques et les partenaires sur la transparence des opérations. Attendez-vous à des audits, publications de résultats plus régulières et promesses de bonne gouvernance à surveiller dans les faits.

3. Douanes et facilitation du commerce

Le volet douanes est stratégique pour le Togo (ports, transit). Un renforcement des contrôles peut coexister avec des mesures pour faciliter le commerce, réduire les délais et combattre la corruption logistique l’équilibre entre contrôle et compétitivité sera crucial.

4. Politique fiscale : fermeté, mais prudence

Pour augmenter les recettes, l’OTR peut durcir le recouvrement et élargir l’assiette fiscale. Mais toute mesure perçue comme trop punitive risque de freiner l’investissement et d’alimenter le secteur informel. La nouvelle direction devra conjuguer rigueur et mesures incitatives (accompagnement des PME, facilités de paiement).

5. Risques politiques et attentes élevées

Nommer une personnalité politique porteuse d’ambitions publiques crée des attentes et des risques de récupération politique. Les premiers actes (décrets, nominations internes, publication d’un plan d’action) fixeront le cap et détermineront si l’opération est une vraie réforme ou un simple geste symbolique.

La nomination de Yawa Tségan donne une chance réelle de relance pour l’OTR  digitalisation, transparence et redressement des recettes sont sur la table. Mais le défi restera d’équilibrer fermeté fiscale et climat de confiance avec les opérateurs économiques. La vraie question : aura-t-on, cette fois, des actes rapides et mesurables, ou juste des promesses de communication ?