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Credit Photo : Getty Images
Afolabi B.,
21 Jul 2025 à 12:07
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La nouvelle est tombée avec la douceur d’un non-événement pour beaucoup, presque comme une formalité dans un monde du football où les passerelles se multiplient. Mamadou Sarr, 19 ans, défenseur central prometteur, transféré à Chelsea début juin, va revenir… à Strasbourg. En prêt. Après avoir quitté l’Alsace, il rechausse les crampons de la Meinau. Le geste est simple. Mais le message, lui, est loin d’être anodin.

Dans l’affaire, personne ne crie au scandale. Aucun club de Ligue 1 ne s’enflamme. Aucune instance ne lève le sourcil. Aucune commission ne s’active pour examiner les contours d’une opération qui, pourtant, coche toutes les cases d’un sujet brûlant : la multipropriété. Car oui, derrière cette transaction se dessine la silhouette bien connue du groupe américain BlueCo, propriétaire de Chelsea mais aussi du Racing Club de Strasbourg. Le même BlueCo qui orchestre dans l’ombre ce ballet de joueurs, envoyés ici ou là selon les besoins, les stratégies ou les vitrines à exposer.

Pourtant, souvenez-vous : il y a à peine quelques semaines, la planète football française était secouée par l’affaire Thiago Almada. Transféré par Botafogo (groupe Eagle Football) vers l’OL dans une transaction elle aussi intra-groupe, ce passage avait déclenché un tollé : suspicions de contournement du fair-play financier, atteinte à l’équité du championnat, appels à la vigilance. Plusieurs clubs avaient même évoqué l’éventualité de porter des réserves.

Pourquoi cette différence de traitement ? Pourquoi le retour de Sarr ne dérange-t-il personne ? Est-ce parce que ce n’est pas l’OL ? Est-ce parce que Strasbourg n’est pas vu comme une menace sportive ? Ou bien parce que BlueCo sait manœuvrer là où d’autres s’exposent ? La Ligue et ses instances semblent avoir un œil sélectif quand il s'agit de juger la multipropriété.

Dans les faits, Mamadou Sarr a disputé 9 minutes avec Chelsea en sept matchs, un temps de jeu insignifiant qui justifie sportivement son retour à Strasbourg. Mais cette justification masque un mécanisme plus large, plus structuré, plus stratégique : la mise en place de circuits privés de développement, où les jeunes talents sont envoyés dans des clubs satellites pour grandir, s’aguerrir, et parfois revenir servir l’élite. Sauf que dans le cas de Sarr, comme dans celui d’Almada, les clubs sont tous propriétés du même groupe.

La différence ? L’un est Chelsea. L’autre, Lyon. Et cela suffit, visiblement, à rendre l’un légitime et l’autre suspect.


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